France 5, le mystère de la tête d'Henri IV

© Galaxie Presse/S. Gabet/P. Belet.
Entretien avec Stéphane Gabet et Pierre Belet

Comment êtes-vous partis à la recherche de la tête d’Henri IV ?

Stéphane Gabet : Nous étions en train de préparer une émission sur le « bon roi » avec Jean-Pierre Babelon. Alors que nous évoquions les thèmes forts de l’existence du monarque, l’historien a parlé d’une anecdote « folklorique » bien connue des historiens : Henri IV aurait perdu sa tête, mais on ignorait tout de sa localisation. Quelques semaines plus tard, Jean-Pierre Babelon nous transmettait une lettre a priori sans importance : un homme lui avait écrit quelques années plus tôt pour lui poser des questions sur cette énigme. Nous l’avons donc appelé, mais il semblait particulièrement embarrassé au téléphone. Plusieurs mois de patience ont été nécessaires pour qu’il nous avoue enfin que c’était lui qui la possédait et pour qu’il accepte également de nous la confier pour une expertise.

Pierre Belet : Pour le 400e anniversaire de la mort d’Henri IV (1610), on trouvait là un angle original pour parler du Vert Galant. Au début, nous étions loin d’imaginer pouvoir retrouver la tête du roi. Mais on s’est dit que cela valait le coup de tenter l’aventure : on ne met pas la main sur une momie tous les jours ! Au fur et à mesure de notre enquête, nous progressions dans nos découvertes et prenions peu à peu la mesure de la matière que nous avions entre nos mains : nous avions là tous les ingrédients d’un film policier.

S. G. : Ce qui s’est passé est un véritable événement archéologique et historique : tout d’abord, nous découvrons une momie, ce qui n’est pas courant. Ensuite, il s’avère que c’est celle d’un roi. Puis nous réussissons à identifier que c’est celle du plus populaire d’entre eux ! Ce genre de choses n’arrive jamais…

Vous avez eu beaucoup de chance de récupérer la tête…

S. G. : Effectivement. Dix ans plus tôt, M. Bellanger n’aurait pas accepté de nous confier sa relique. Mais nous avons établi une relation de confiance avec lui et sa femme. Ils ont vu qu’on se passionnait pour ce mystère. C’est un véritable cadeau qu’ils nous ont fait. Nous nous rappellerons toujours ce 22 janvier 2010, le jour où nous avons vu la tête pour la première fois. Elle était dans une armoire, mais le propriétaire avait perdu la clé depuis plus de dix ans et celles que les ébénistes nous avaient confiées ne fonctionnaient pas. Nous avons alors fait venir un serrurier. La situation était drôle et, en même temps, surréaliste.
Comment avez-vous construit le documentaire ?

Comment avez-vous construit le documentaire ?

S. G. : Nous filmions en même temps que nous progressions dans notre travail. Nous devions donc gérer plusieurs éléments simultanément : à la fois notre enquête historique et scientifique et les aspects techniques et artistiques.

P. B. : Je pense que nous aurions perdu en vérité si nous n’avions pas filmé au fur et à mesure. Ce parti pris renforce notre démarche d’authentification.

Comment avez-vous procédé pour cette étude ?

S. G. : Nous nous sommes appuyés sur les compétences du Dr Charlier. C’est lui qui a défini chaque étape du protocole scientifique.
P. B. : Philippe Charlier a fait preuve d’une froideur scientifique. Il n’avançait jamais de conclusions hâtives. Il attendait de terminer tous les examens pour se prononcer. Il nous a toujours laissés dans le doute. Nous alternions donc entre déception et espoir.

S. G. : Avec lui, rien n’était jamais perdu. Nous pouvions aller jusqu’au bout.

Finalement, êtes-vous absolument sûrs d’avoir trouvé la tête d’Henri IV ?

P. B. : Tout coïncide. Comme les scientifiques, nous sommes sûrs à 99,9 %. L’étude a été menée avec rigueur par des personnes compétentes.

S. G. : Il n’y a aucun doute pour moi. Nous avons trente éléments de preuves et aucune donnée contradictoire.

Bios express

Pierre Belet (photo ci-dessous, à droite), journaliste, documentariste. Ancien rédacteur en chef du magazine Echappées belles (France 5), il a réalisé des reportages et des documentaires pour Envoyé spécial (France 2), Secrets d’histoire (France 2), Thalassa (France 3), Reportages (TF1), ainsi que pour Voyage, NT1 et La Chaîne parlementaire.
Stéphane Gabet, journaliste, documentariste. Ancien auteur et rédacteur en chef des magazines Secrets d’histoire (France 2), il a aussi écrit et réalisé plusieurs documentaires et docu-fictions pour France 5, Planète, Voyage, La Chaîne parlementaire. Il est membre de l’Association des journalistes du patrimoine (AJP).

France 5, diffusion dimanche 13 mars, 20h35, dans "La case du siècle" présentée par Fabrice d'Almeida. Production : France Télévisions / Galaxie Presse / Réunion des Musées nationaux.